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Direction régionale de santé publique de Montréal

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La réalité virtuelle (RV)

Qu'est-ce que la réalité virtuelle (RV) ?

La réalité virtuelle (RV) est une technologie immersive qui plonge la personne qui l’utilise dans un environnement numérique en 3D à l’aide d’un casque. Certaines expériences permettent d’interagir avec des objets ou des personnages comme si l'on y était vraiment, grâce à des dispositifs comme des capteurs corporels ou des gants haptiques. Ces technologies peuvent renforcer le réalisme des interactions, y compris dans les contextes à caractère sexuel. 

La RV est désormais très accessible : les casques sont abordables, certains modèles fonctionnent sans ordinateur puissant ni grand espace. On peut désormais jouer, socialiser ou créer des mondes immersifs en quelques clics. Cela contribue à sa popularité croissante chez les jeunes.  

Cependant, les environnements de RV sont rarement modérés en temps réel. Les contenus, interactions et comportements en ligne varient selon les plateformes et échappent souvent à la supervision parentale ou adulte. 

Ce manque de supervision expose les jeunes à des contenus inappropriés, notamment à caractère sexuel, qu’ils et elles ne montreront pas nécessairement à leur entourage. Voici des exemples de contenu sexualisé que l’on peut observer dans les jeux de RV :  

  • présence de langage sexuellement explicite 

  • gestes obscènes ou simulations sexuelles explicites  

  • exposition à des contenus à caractère pornographique 

  • interactions sexuelles simulées entre avatars, consenties ou non (toucher, proximité, attouchements)  

  • simulations explicites d’actes sexuels ou d’agressions sexuelles virtuelles (scénarios) 

  • sexualisation des avatars (nudité partielle ou complète, morphologies irréalistes)   

  • scénarios ou décors à forte connotation sexuelle (objets 3D référant à des pratiques sexuelles, vêtements suggestifs, clubs de strip-tease, chambre à coucher érotique, donjons virtuels, etc.)  

Flou autour du consentement  

Dans les jeux ou les mondes virtuels, il n’y a pas toujours de cadres clairs pour le consentement : que signifie dire non? Comment poser une limite? Est-ce qu’un geste d’avatar est équivalent à un geste physique? Quelles conséquences devraient être appliquées pour le non-respect du consentement dans l’univers virtuel? Cela ouvre la porte à des abus, même involontaires, et souligne l’importance de règles, de modération et de sensibilisation.  

Les avatars

L’avatar est la représentation numérique que l’utilisateur ou l’utilisatrice choisit pour interagir dans un environnement immersif. Il peut prendre différentes formes: humaine, animale, fantastique ou abstraite, selon les préférences de la personne et à partir de modèles ou d’outils de personnalisation. L’avatar constitue l’interface principale entre la personne et l’univers virtuel. Cette représentation devient ensuite le moyen principal d’interagir avec les autres et de se déplacer dans le monde virtuel. 

Les avatars ne sont pas exclusifs à la réalité virtuelle. Ils sont également largement utilisés sur d’autres applications populaires, comme Snapchat, où ils permettent aux utilisateurs de créer une image numérique d’eux-mêmes pour communiquer et se représenter dans différents contextes numériques. 

L’avatar comme outil d’exploration identitaire

Dans les univers immersifs, l’avatar est bien plus qu’un simple personnage de jeu : c’est une prolongation de soi dans un monde virtuel. Il offre aux jeunes une occasion unique de jouer avec leur identité dans un espace relativement sécuritaire, où les normes sociales sont plus malléables.  

Quelques fonctions identitaires de l’avatar : 

  • Expérimentation du genre et de l’apparence physique 
    Les jeunes peuvent créer un avatar qui correspond à leur identité de genre réelle, à celle qu’ils ou elles explorent ou souhaitent projeter. Ils et elles peuvent également tester différentes morphologies, styles vestimentaires ou postures sociales. 

  • Construction d’une image valorisante de soi  
    L’avatar peut représenter une version idéalisée ou assumée de soi, permettant d’exprimer des aspects de sa personnalité difficilement visibles dans le monde physique : confiance, humour, sensualité, pouvoir, etc.  

  • Affirmation de son unicité dans un espace collectif 
    Le fait de créer un avatar distinctif peut renforcer le sentiment d’individualité et d’autonomie. Dans des modes souvent très codés ou genrés, choisir un avatar atypique peut aussi être un acte de résistance ou de revendication identitaire. 

  • Recherche d’un sentiment d’appartenance 
    Par l’avatar, certain·es jeunes se connectent à des communautés qui les intéressent, à des groupes LGBTQ2SIA+, ou à des espaces qui leur offrent reconnaissance et compréhension.  

  • Une double fonction : expression de soi et distance émotionnelle 
    L’avatar agit à la fois comme une vitrine de soi et comme un filtre. La distance entre soi et l’avatar peut parfois réduire l’empathie ou la responsabilité perçue face à ses actions virtuelles, rendant certains comportements plus faciles à adopter qu’ils ne le seraient dans la réalité. 

Bien qu’il ne reflète pas nécessairement la réalité physique ou sociale d’une personne, l’avatar agit comme un miroir symbolique. Plusieurs jeunes développent une identification forte à leur personnage virtuel : ce qui arrive à l’avatar peut être ressenti comme leur arrivant directement. 

Les risques spécifiques liés aux avatars

Si l’avatar ouvre un espace d’expression riche, il comporte aussi une zone de vulnérabilité, surtout dans les environnements virtuels peu modérés ou centrés sur l’esthétique et la performance sociale. Ces risques peuvent avoir des répercussions émotionnelles, relationnelles ou psychosexuelles réelles.  

Quelques risques fréquemment observés :  

  • Identification émotionnelle à l’avatar 
    Lorsqu’un ou une jeune développe un lien fort avec son avatar, les agressions ou humiliations vécues dans l’environnement virtuel (ex. : toucher non consenti, harcèlement verbal, moquerie sur l’apparence) peuvent provoquer une détresse réelle, comparable à une atteinte à la personne.  

  • Hypersexualisation et stéréotypes genrés 
    De nombreux mondes virtuels favorisent des avatars à morphologie irréalistes, souvent sexualisés à l’extrême (corps irréalistes, nudité, posture suggestive). Cela peut influencer l’image corporelle, renforcer les stéréotypes genrés ou créer une pression pour se conformer à une apparence désirable. 

  • Désinhibition et comportements transgressifs 
    L’anonymat, la distance émotionnelle et l’absence d’encadrement peuvent mener certaines personnes à adopter des comportements inappropriés : attouchements virtuels, langage sexualisé, propos dégradants, etc. La distance entre soi et son avatar peut réduire l’empathie et le sentiment de responsabilité, ce qui favorise des comportements transgressifs qui ne se manifesteraient pas dans d’autres contextes. Ce relâchement des normes sociales s’explique en partie par le phénomène de désinhibition en ligne : plus la distance perçue entre une action et ses conséquences est grande, plus les individus tendent à transgresser leurs propres limites — et celles des autres.  

  • Manipulation via des avatars trompeurs 
    Certaines personnes malveillantes peuvent se créer un avatar séduisant, vulnérable ou rassurant pour tromper la vigilance d’autrui et particulièrement des jeunes. Cette stratégie est parfois utilisée pour commettre des gestes déplacés ou de pousser à des échanges sexuels non désirés. Cela peut être perçu comme une forme de manipulation ou de prédation virtuelle. 

  • Simulations d’agressions sexuelles entre avatars 
    Certaines plateformes permettent ou tolèrent des interactions sexuelles non consenties entre avatars (frottements, simulation de pénétration, attouchements répétés, etc.) sans possibilité de se défendre ou de fuir. Même s’il s’agit d’interactions numériques, ces expériences peuvent être vécues comme de véritables violations de l’intimité et déclencher des réactions de détresse, de peur ou de honte. 

La ligne entre expérience immersive et vécu affectif réel est mince, surtout chez les jeunes en pleine exploration de leur identité ou de leur sexualité. Il est donc important d’aborder les avatars à la fois comme des outils puissants de construction de soi, et comme des points d’entrée potentiels à certaines formes de cyberviolence ou de détresse. 

L’agression sexuelle entre avatars 

Dans certains espaces virtuels, il peut survenir des comportements inappropriés ou violents entre avatars. Ces situations incluent, par exemple, des attouchements virtuels non consentis, des gestes sexuels simulés imposés, ou encore l’utilisation d’objets et d’animations sexuelles sans l’accord de l’autre personne. Bien que virtuelles, ces agressions peuvent avoir des conséquences bien réelles pour les personnes qui en sont victimes. 

L’un des éléments essentiels du consentement à un geste sexuel est de connaître l’identité réelle de l’autre. L’utilisation d’avatars anonymes ou trompeurs peut ainsi poser un problème majeur au libre consentement. 

Stratégies pour mieux comprendre l’utilisation de la réalité virtuelle chez les jeunes

La réalité virtuelle est une technologie encore peu connue, bien qu’elle occupe une place grandissante dans la vie de plusieurs jeunes. Qu’elle soit utilisée comme loisir, outil de socialisation ou espace d’exploration identitaire et sexuelle, la RV soulève des enjeux qu’il est essentiel de mieux comprendre pour pouvoir accompagner les jeunes de manière pertinente et sentie.   

  • Familiarisation avec les technologies immersives  
    Essayer soi-même une plateforme de réalité virtuelle permet de se familiariser avec les interfaces, les mécanismes de jeu, les interactions possibles, les environnements et les paramètres de personnalisation. Cette immersion aide à mieux cerner les possibilités offertes par cette technologie, mais aussi les enjeux émergents : formes d’intimité virtuelle, cyberharcèlement, désensibilisation ou difficulté à poser ses limites.  
     

  • Ouverture à l’expérience de réalité virtuelle des jeunes 
    Inviter les jeunes à partager leurs expériences avec la réalité virtuelle, à nommer ce qu’ils et elles trouvent attirant, troublant, stimulant ou dérangeant, permet d’ouvrir un dialogue bienveillant. Cette curiosité permet de créer un lien de confiance et donne accès à des perceptions souvent invisibles dans les discours plus techniques.  
     

  • Sensibilisation aux représentations de la sexualité et du genre 
    Discuter des modèles proposés dans les univers virtuels (ex. : avatars sexualisés, rôles genrés rigides, manque de diversité corporelle ou culturelle) permet d’éveiller l’esprit critique des jeunes face à des normes souvent implicites. Ces environnements peuvent influencer la perception du corps, les attentes relationnelles et la construction de l’identité de genre. 

Mieux comprendre l’univers immersif dans lequel les jeunes évoluent, c’est aussi reconnaître que leur vécu dans ces espaces peut être riche de sens, mais aussi porteur de vulnérabilités. Une posture d’ouverture, d’observation et de dialogue contribuera à ce que les jeunes développent des pratiques numériques plus conscientes, respectueuses et émancipatrices. 

Pour en savoir plus sur les jeux ou applications de réalités virtuels utilisées par les jeunes, consulter le ZOOM - En savoir plus sur les jeux de réalité virtuelle que les jeunes utilisent 

Pistes d’action pour permettre aux jeunes d’explorer la réalité virtuelle de façon sécuritaire.

Il n’y a pas de mode d’emploi unique pour bien utiliser la réalité virtuelle. Cette technologie immersive attire de plus en plus de jeunes et peut facilement les happer. Différentes stratégies peuvent leur être suggérées afin de rendre leurs expériences immersives plus agréables, respectueuses et sécuritaires :  

  • Observation de son état après une séance de réalité virtuelle 
    Prendre un moment pour observer comment on se sent après une session de RV permet de mieux comprendre ses effets sur le corps, la santé mentale et les émotions. Est-ce qu’un temps d’adaptation est nécessaire? Est-ce que je ressens de l’excitation, de la fatigue, de la confusion ou un inconfort physique? 
     

  • Ajustement des paramètres de sécurité 
    Plusieurs plateformes offrent des fonctions de personnalisation qui permettent de se sentir plus en contrôle et contribuent à créer un espace virtuel plus confortable et respectueux :  

    • désactivation du clavardage vocal pour éviter les propos dérangeants ou intrusifs 
    • activation d’une « bulle de sécurité » autour de son avatar pour limiter la proximité non désirée 
    • blocage ou signalement de comportements inappropriés 
    • ajustement des préférences de contenu ou de modération, selon la plateforme 
       
  • Encadrement du temps d’utilisation 
    La RV peut rapidement devenir captivante, au point de faire perdre la notion du temps. Fixer ses propres limites d’utilisation permet de préserver son sommeil, ses relations sociales, ses études ou ses loisirs hors ligne, tout en réduisant les risques. Des limites réalistes favorisent un équilibre entre vie en ligne et vie hors ligne, tout en contribuant à prévenir les risques de dépendance aux écrans. 
     

  • Choix de contenus adaptés à ses préférences personnelles 
    Tous les contenus en RV ne conviennent pas à tout le monde. Encourager les jeunes à faire des choix conscients en lien avec leurs émotions, leurs limites et leurs besoins et à se poser des questions comme : « Est-ce que ce contenu respecte? Me met mal à l’aise? Affecte mes relations ou ma vision du monde? » peut favoriser des choix plus éclairés. Privilégier les expériences qui favorisent le plaisir, la créativité, la curiosité et le respect mutuel contribue à des usages plus positifs.  

Accompagner les jeunes dans leur usage de la RV, c’est aussi les aider à développer une conscience critique de ce qu’ils y vivent. Ces pistes d’action visent à outiller les jeunes à faire des choix éclairés, à reconnaître leurs limites, et à favoriser des expériences numériques positives, respectueuses et enrichissantes.  

Dernière mise à jour: 2025-10-03