Professionnels et partenaires
Pour agir ensemble. Espace réservé au réseau de santé publique montréalais et aux parties prenantes sectorielles, intersectorielles et universitaires.
Gestes, agissements ou stratégies dirigées envers une personne pour lui nuire individuellement ou publiquement. Les cyberviolences à caractère sexuel visent majoritairement les femmes et les minorités de genre, mais peuvent également viser les garçons et les hommes.
Partage non consensuel de contenus intimes
Diffusion, enregistrement ou sauvegarde de photos ou de vidéos à caractère sexuel sans le consentement de la personne concernée. Cette forme de violence comprend la pornodivulgation (ou revenge porn), souvent motivée par un désir de vengeance.
Sextorsion et menace de diffusion
Chantage en ligne dans lequel une personne menace de diffuser une image ou une vidéo à caractère sexuel en échange d’argent, d’informations personnelles ou de faveurs. Les personnes derrière la sextorsion sont généralement des inconnu·es agissant derrière de faux profils (voir la section suivante).
Cyberharcèlement sexuel
Envoi répété de messages, photos ou vidéos à caractère sexuel, sexistes, offensants, dégradants ou menaçants. Cela vise à humilier, intimider ou provoquer une personne. Ce type de trolling vise souvent à déshumaniser, sexualiser ou objectifier sexuellement, afin de créer un climat de peur et de domination, notamment envers les femmes et les minorités de genre.
Envoi non sollicité de contenus sexuellement explicites
Transmission de messages, photos ou vidéos à caractère sexuel sans consentement telles que des photos de pénis (dick pics), des vidéos de masturbation, des propositions sexuelles directes et non sollicitées, souvent via les réseaux sociaux, la messagerie ou les jeux en ligne, etc.
Certaines cyberviolences à caractère sexuel visent sciemment à tromper l’autre personne en se faisant passer pour quelqu’un d’autre ou en trafiquant l’image ou la voix d’une autre personne pour en tirer profit ou lui nuire. Voici des exemples de manifestations fréquentes :
Cyberimposture (catfishing)
Création d’un faux compte ou d’une fausse identité en ligne, généralement attrayante, afin de créer un lien virtuel amical ou intime avec une autre personne dans le but de piéger, tromper, humilier ou harceler sexuellement une personne.
Leurre d’enfants ou conditionnement (grooming)
Le leurre désigne le fait, pour une personne adulte, de communiquer avec une personne mineure par Internet ou messagerie électronique dans l’intention de commettre une infraction à caractère sexuel. Le leurre est considéré comme une infraction criminelle, même si le passage à l’acte n’a pas lieu. Le conditionnement (grooming) est une stratégie de manipulation progressive utilisée par une personne pour établir une relation de confiance avec un·e mineur·e, dans le but de le ou la préparer à des contacts sexuels ou à une exploitation sexuelle.
L'hypertrucage (deepfake)
Utilisation de l’intelligence artificielle afin de modifier l’image ou la voix d’une personne dans le but de tromper. Utilisé dans un contexte sexuel, l’hypertrucage devient une forme de violence numérique grave. Dans ces cas, le visage (ou parfois la voix) d’une personne réelle, souvent une femme, est intégré dans une vidéo ou une image pornographique, sans son consentement. Le résultat est une vidéo sexuelle fausse mais réaliste, diffusée publiquement ou envoyée à des tiers.
Bien que ces actes soient virtuels, leurs effets sont bien réels : ils peuvent entraîner un profond sentiment de honte, de peur, de culpabilité ou de perte de contrôle. La personne ciblée, n’ayant pas consenti à cet acte, peut ressentir une atteinte à son intimité, revivre des traumatismes passés, s’isoler ou éprouver de l’anxiété sociale. Ces impacts peuvent affecter la santé mentale, la vie scolaire et les relations personnelles, au même titre que des agressions dans la vie hors ligne.
Un défi majeur dans la prévention des violences à caractère sexuel en ligne réside souvent dans le fossé générationnel entre les jeunes et les adultes ou les professionnel·les qui les accompagnent. Le manque de familiarité avec les plateformes, les pratiques numériques et les dynamiques propres aux cybersexualités peut freiner la compréhension des réalités vécues par les jeunes. Comprendre cet environnement et les expériences vécues par les jeunes est une première étape essentielle afin de développer des stratégies d'intervention pertinentes et efficaces.
Favoriser une meilleure compréhension du consentement et des relations saines (voir thématiques relations intimes - à venir)
Discuter des caractéristiques d’une relation saine, incluant le respect, la communication et la réciprocité, et voir comment ces valeurs s’appliquent aux échanges numériques.
Aborder les différentes dimensions du consentement (clair, libre, éclairé, enthousiaste, réversible), et explorer comment il peut s’exprimer ou être compromis en ligne ou dans des univers virtuels.
Développer des compétences socio-émotionnelles
Gestion des émotions : Savoir reconnaître et réguler ses émotions face à des situations stressantes, inconfortables ou violentes en ligne.
Capacité à demander de l’aide : Se confier ou demander de l’aide à un adulte de confiance (parents, enseignant·e, professionnel·le de son entourage), pour soi ou pour une personne de son entourage.
Connaissance de soi : Connaître ses propres limites, forces, besoins et valeurs afin de mieux s’affirmer, lorsqu’exposé·es à des demandes inappropriées, malsaines ou violentes en ligne.
Comportements prosociaux : Développer la capacité à soutenir les autres, à faire preuve d’empathie et à intervenir de manière bienveillante face à des situations injustes ou problématiques.
Influence sociale positive : Exercer une influence constructive auprès de ses pairs en dénonçant des comportements irrespectueux ou en modélisant des interactions saines dans les espaces numériques.
Déconstruire les stéréotypes de genre
Identifier les rôles genrés traditionnels qui influencent les comportements sexuels en ligne (ex. : les garçons doivent initier les interactions sexuelles, les filles doivent être séduisantes mais passives) et réfléchir à leurs impacts.
Remettre en question ces normes et reconnaître leur influence sur les dynamiques de pouvoir et la sexualisation dans les interactions numériques.
Aborder les enjeux du sextage et de la cyberviolence à caractère sexuel
Organiser des activités de sensibilisation sur le sexage, la sextorsion et les différentes formes de cyberviolences à caractère sexuel.
Créer des espaces de parole sécuritaires pour discuter des pratiques numériques, des motivations à partager des images intimes, et des conséquences potentielles.
Parler des stratégies de réduction des risques dans la cybersexualité (ex. : consentement, protection de l’identité, paramètres de confidentialité).
Enseigner aux jeunes comment réagir face à une situation problématique : signaler, nommer le comportement, soutenir une victime, ou demander de l’aide.
Prévenir les cyberviolences, c’est accompagner les jeunes dans le développement de leurs capacités critiques, relationnelles et numériques. Leur donner des outils concrets contribue à renforcer leur pouvoir d’agir, réduire les risques de violences en ligne et contribue à créer un environnement numérique plus sécuritaire, respectueux et inclusif.
Pour découvrir des ressources, du matériel clé en main ou des activités à mettre en place, consultez la section Ressources.
Dans un contexte où les pratiques numériques évoluent rapidement, les intervenant·es ont un rôle clé à jouer pour soutenir les jeunes quant aux enjeux liés à la cybersexualité. Voici quelques attitudes à privilégier pour instaurer un dialogue constructif et respectueux :
Curiosité professionnelle et mise à jour continue
Se tenir informé·e des réseaux sociaux, des applications populaires et des tendances en matière de cybersexualité permet de mieux comprendre le vécu numérique des jeunes. Cette curiosité bienveillante favorise une posture non jugeante et alimente des interventions plus ancrées dans la réalité des jeunes.
Écoute active et reconnaissance de l’expertise des jeunes
Poser des questions ouvertes sur les expériences numériques des jeunes, reconnaître leur expertise et valoriser leur point de vue contribue à instaurer un climat de confiance. Cette posture relationnelle permet aux jeunes de se sentir écouté·es, respecté·es et reconnu·es dans leur réalité.
Éducation à une utilisation critique et responsable du numérique
Plutôt que de diaboliser Internet, les jeux en ligne ou les pratiques sexuelles numériques, il est préférable d’accompagner les jeunes dans le développement de leur esprit critique et d’encourager une utilisation réfléchie et respectueuse des outils numériques. Cela inclut la capacité à analyser les normes en ligne, à reconnaître les risques, mais aussi à faire des choix éclairés.
Ouverture d’esprit face à la diversité des pratiques
Les professionnel·les doivent prendre conscience de leur propre représentations et préjugés en lien avec la sexualité en ligne. Adopter une posture d’ouverture face à la diversité des pratiques permet aux jeunes de s’exprimer sans crainte d’être jugé·es et de poser leurs questions dans un espace sécurisant.
Reconnaissance de la valeur du vécu numérique
Il est essentiel d’éviter d’opposer le monde en ligne et le monde « réel ». Pour les jeunes, les expériences numériques sont souvent aussi significatives que celles vécues hors ligne. Minimiser cette réalité ou la comparer négativement à la « vraie vie » peut générer un sentiment de déconnexion ou de stigmatisation. Reconnaître la portée émotionnelle et sociale de ces expériences favorise un dialogue ouvert, en particulier sur les enjeux liés aux cyberviolences, à l’identité numérique et aux relations en ligne.
Humilité professionnelle et orientation vers les ressources spécialisées
Face à un univers en constante évolution, il est normal de ne pas tout maîtriser. Reconnaître ses limites et savoir référer vers des ressources spécialisées (organismes, lignes d’écoute, intervenant·es formé·es) est une compétence clé. Cela garantit aux jeunes un accompagnement juste, sécuritaire et adapté à leurs besoins.
La cybersexualité fait partie intégrante de la vie affective et sexuelle des jeunes d’aujourd’hui. Prévenir les cyberviolences et soutenir une sexualité en ligne positive, c’est aussi reconnaître le droit des jeunes à s’informer, à expérimenter et à être accompagné·es dans le respect de leur autonomie, de leurs limites et de leur dignité.
Dernière mise à jour: 2025-10-03