L’été est parmi nous. La belle saison est l’occasion idéale de prendre une pause de notre quotidien et de profiter de la nature ou d’activités extérieures : l’été, c’est fait pour jouer (dehors)!
La fin des classes implique aussi une augmentation considérable des temps libres chez les enfants et chez les adolescents. Trop souvent, cela se traduit par une augmentation du temps passé devant les écrans.
Vous ne savez plus quoi faire pour convaincre votre ado de passer la journée à l’extérieur loin de sa console ou de sa tablette ? Jean-François Biron, expert en matière d'hyperconnectivité et de jeux de hasard et d'argent à la Direction régionale de santé publique de Montréal, était récemment au micro de Yanik Dumont Baron pour parler de dépendance aux écrans et de mauvaises habitudes numériques. La rédaction a eu la chance de s’entretenir avec lui et voici les constats, nuances et conseils qu’il a formulés.
Entretien avec Jean-François Biron
- Est-ce que les enfants et les ados sont dépendants de leurs écrans ?
Jean-François Biron : «On utilise souvent l’angle de la « dépendance » pour aborder le sujet, mais dans les faits, les enjeux entourant la gestion parfois difficile des écrans dans les familles sont surtout une question d’utilisation trop intensive ou inadaptée. C’est-à-dire que les écrans vont nuire au maintien de bonnes habitudes de vie et accaparer trop de ressources qui deviennent indisponibles pour autres choses (attention, concentration, temps, argent). On parle donc de mauvaises habitudes numériques.
La réelle dépendance prend la forme d’un trouble de santé mentale beaucoup plus rare découlant d’un surinvestissement très important d’un usage spécifique, comme le jeu vidéo ou les médias sociaux.»
- Combien de temps devrait-on passer devant les écrans chaque jour ?
Jean-François Biron : «Il existe des recommandations qu’il faut envisager davantage comme des repères en contexte de vie normale. Pour les 5-17 ans, il est recommandé de s’en tenir, en moyenne, à moins de deux heures de temps-écran de loisir par jour. Les dépassements occasionnels, lorsque le temps disponible est plus grand, ne devraient pas trop nous inquiéter. Nos travaux montrent toutefois que des impacts préjudiciables significatifs touchent les utilisateurs qui font en moyenne 4h et plus par jour.»
- Quelles sont les répercussions d’un temps d’écran très élevé chez les jeunes ? Comment reconnaître les symptômes ?
Jean-François Biron : «Les méfaits d’une utilisation intensive se manifestent fréquemment par le manque de sommeil, d’activité physique et des impacts sur les travaux ou les résultats scolaires. L’utilisation intensive est aussi fortement liée à une moins bonne santé mentale, moins de satisfaction dans sa vie et dans ses relations avec les proches. Bref, quand on remarque en outre un changement dans l’humeur, de l’irritabilité lorsque l’écran est indisponible et des stratégies pour dissimuler l’ampleur de l’utilisation, ce sont de bons indicateurs.»
- Quels conseils donner aux parents qui trouvent que leurs enfants semblent isolés devant leur écran ?
Jean-François Biron : «On sait que la majorité des jeunes sont conscients des impacts que peuvent avoir les écrans dans leur vie. Comme chez les adultes, plusieurs expriment même le désir de réduire l’ampleur de leur utilisation. Il existe des outils qui facilitent le dialogue et une réflexion commune sur le sujet, sans avoir une approche moralisatrice. Une stratégie prometteuse est souvent de se doter d’un cadre qui aide toute la famille dans leurs habitudes numériques. On peut ainsi ouvrir le dialogue et établir une entente avec les jeunes, quitte à revoir le tout pour les périodes de congés et les vacances. Il est également plus facile de briser graduellement les automatistes en instaurant d’autres façons de faire peu contraignantes : pas d’écrans pendant les repas, pendant certaines activités (sorties, activités sportives, etc.) et dans la chambre au moment du coucher. Enfin, avoir une bonne idée des intérêts et de l’utilisation des jeunes permet de mieux comprendre leur expérience : les écrans sont aussi une source de plaisir, d’information et de socialisation.»
Ressources supplémentaires :
- Le reportage écrit et audio de Yanik Dumont Baron : Radio-Canada
- Utilisation équilibrée des écrans chez les jeunes : Québec.ca
- PAUSE : pausetonecran.com
- Outil pour les professionnels : Outil